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Mike Parsons
assisté par Jeremy Westcott
Des mythes païens
La publication originelle de mon article précédent a causé pas mal de remous. Les citations dans l’image ci-dessus sont tirées d’articles que nous avons reçus en réponse. Vous nous pardonnerez, je l’espère, de ne pas vous donner les liens pour accéder à ces articles (en anglais) mais vous pouvez les rechercher via Google, si cela vous intéresse.
Il est en fait totalement inexact de déclarer que Jésus a été « le grand théologien de l’enfer » ou qu’Il a plus parlé de l’enfer que de tout autre sujet. C’est complètement erroné ! Il n’y a rien dans la Bible sur « l’enfer ». Durant les cinq premiers siècles de l’ère chrétienne, très peu de chrétiens croyaient en la doctrine de tourments éternels pour les mauvais sujets ou les non-croyants. Avec le temps, des mythes païens sur « l’au-delà » ont été mélangés et présentés comme soi-disant chrétiens.
La dernière fois, j’ai présenté rapidement les quatre mots de la Bible qui ont été traduits par « enfer ». Aujourd’hui, je vais les détailler un peu plus. Je vous en supplie, ne vous ancrez pas dans vos traditions mais soyez ouverts aux convictions du Saint-Esprit (Jean 16).
Sheol (Hébreux)
On peut trouver dans la Concordance de Strong :
Sheol (H7585) she’ôl vient de H7592 ; séjour des morts, sépulcre, monde souterrain, tombe, enfer, fosse.
Le mot « enfer » a été ajouté ici car la personne qui compilait a décidé que les versets dans lesquels le mot « sheol » se trouve parlaient de l’enfer. La véritable signification du mot (fosse ou tombe) n’a rien à voir avec une punition. La Bible Louis Segond n’utilise pas le mot enfer et la Bible du Semeur l’utilise 7 fois dont 6 dans le Nouveau Testament.
Hades (Grec)
Hades (G86) hadēs vient de G1 et G1492 ; Hadès ou Pluton, le dieu des profondeurs de la terre. Orcus, le monde du néant, le royaume de la mort. Usage ultérieur du mot : tombe, mort, enfer.
« Hades » est cité seulement 11 fois dans le Nouveau Testament dont 4 fois par Jésus (avec répétition car la même histoire est répétée dans plusieurs évangiles). Ce mot n’est aucunement lié avec une quelconque punition. C’est l’équivalent grec de « Sheol » et l’ajout du mot « enfer » tient du même résultat que précédemment expliqué.
La Bible du Semeur comme la Louis Segond traduisent bien d’ailleurs le mot «hades » par « séjour des morts ».
Et toi, Capernaüm, crois-tu que tu seras élevée jusqu’au ciel ? Non ! Tu seras précipitée au séjour des morts (Matthieu 11:23, Luc 10:15). En termes plus simples, on peut traduire par : « Capernaüm, tu te crois tellement puissante mais bientôt tu ne seras plus rien. » Aucune relation avec une quelconque punition.
Et moi, je te dis que tu es Pierre et que sur cette pierre je bâtirai mon Église [ekklesia], et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. (Matthew 16:18, LS). Nous ne devons pas avoir peur de la mort car en tant qu’ekklesia nous allons vaincre la mort.
Dans Actes, on trouve « hades »2 fois, faisant référence dans les deux cas à un même passage de l’Ancien Testament où l’on trouve le mot « Sheol ». Une fois encore, le mot a bien été traduit par « séjour des morts » : … tu ne m’abandonneras pas [Jésus] dans le séjour des morts, tu ne laisseras pas un homme qui t’est dévoué se décomposer dans la tombe. (Actes 2:27). Ainsi il a entrevu par avance la résurrection du Messie, et c’est d’elle qu’il parle en disant que Dieu ne l’abandonnera pas dans le séjour des morts et qu’il ne laissera pas son corps se décomposer. (Actes 2:31)
Briser le pouvoir de la mort : O mort, où est ta victoire? O mort, où est ton aiguillon ? (1 Cor 15:55, LS)
4 fois dans Apocalypse
Moi, je suis le premier et le dernier, le vivant. J’ai été mort et voici : je suis vivant pour l’éternité ! Je détiens les clés de la mort et du séjour des morts. (Apocalypse 1:18). Jésus a les clés de la mort et des tombes : pour libérer les gens, pas pour les enfermer !
Et je vis venir un cheval blême. Son cavalier s’appelle « La Mort » et il était suivi du séjour des morts. (Apocalypse 6:8). Une personnification de la « tombe » ou peut-être le dieu grec qui, dans cette mythologie, régnait sur le séjour des morts.
La mer rendit les morts qui étaient en elle, la mort et le séjour des morts rendirent les morts qui étaient en eux et chacun fut jugé selon ses œuvres. (Apocalypse 20:13). Une fois encore, simplement le « séjour des morts » (et selon ce verset, le jugement vient après que les morts aient quitté ce séjour, pas avant)
Puis la mort et le séjour des morts furent précipités dans l’étang de feu. Cet étang de feu, c’est la seconde mort. (Apocalypse 20:14). La mort et le séjour des morts ne sont aucunement la fin puisqu’ils sont eux-mêmes jetés dans l’étang de feu ! J’aborderai cet étang de feu dans un futur blogue.
Aucun de ces versets ne fait référence à des tourments ou des punitions. La seule utilisation du mot « hades » qui semble y faire référence est dans Luc 16:23 : l’histoire de Lazarre et de l’homme riche.
Du séjour des morts, où il souffrait cruellement, il leva les yeux et aperçut, très loin, Abraham, et Lazare à côté de lui.
Il y a plusieurs choses à remarquer sur ce passage :
L’histoire peut ne pas être originellement de Jésus. On peut en trouver les racines dans le texte hébreux traditionnel de la Gemara Babylonicum, qui date de l’époque où le peuple d’Israël était captif en Babylone.
Il n’est pas fait référence à la droiture ou la méchanceté des principaux personnages de cette histoire mais à leur richesse et statut social.
Toute cette partie de l’évangile de Luc est une série de leçons sur puiser sa confiance dans la richesse et oublier d’aider les pauvres, série destinée tout particulièrement aux leaders religieux et leurs supporters. Le but de Jésus en racontant cette histoire ancienne n’était certainement pas de donner une description de ce qui attendaient les méchants après la mort.
Je reviendrai sur cette parabole plus tard dans cette série. En attendant, vous trouverez des liens pour lire des articles (en anglais) sur ce sujet à la fin de ce texte.
Tartarus (Grec)
Tartarus (G5020) tartaroō vient de Tartaros (les plus profonds abîmes du Hadès).
La définition donnée est une référence à la mythologie grecque où c’était la prison des dieux déchus comme les Titans et des Géants et c’est justement cela : un mythe pas un fait.
« Tartarus » n’est mentionné qu’une seule fois dans le Nouveau Testament :
En effet, Dieu n’a pas épargné les anges qui ont péché : il les a précipités dans l’abîme [Tartarus] où ils sont gardés pour le jugement, enchaînés dans les ténèbres. (2 Pierre 2:4)
S’ils sont « gardés pour le jugement » cela veut dire qu’ils n’ont pas encore été jugés et, en conséquence, ils ne sont pas soumis à une punition, ce qui serait totalement injuste. Cela n’a donc rien à voir avec une incarcération dans « des tourments éternels ».
Géhenne (Grec)
Géhenne ou Geenna en grec (G1067) vient des mots hébreux (H1516) : vallée, une vallée encaissée, une gorge étroite et (H2011) : vallée (profonde et étroite) aux flancs rocheux et escarpés, au sud-ouest de Jérusalem, séparant le Mont Sion au nord de la colline du « mauvais conseil » et la « plaine de Rephaïm » au sud.
Geenna est le mot grec choisi pour traduire la Vallée de Ben-Hinnom, à l’extérieur de Jérusalem. C’était un endroit horrible, utilisé pour nombre de pratiques épouvantables (dont les sacrifices d’enfants à Moloch). Littéralement, c’était un endroit où il y avait un feu perpétuel, une déchèterie où l’on jetait tout et n’importe quoi (notamment les cadavres durant l’époque d’Isaïe). Le feu ne s’arrêtait jamais car il avait toujours de quoi brûler et les vers ne disparaissaient jamais car ils n’étaient jamais en manque de nourriture.
C’est pourquoi le temps vient – l’Eternel le déclare – où cet endroit ne sera plus nommé : « le Topheth » ni « la vallée de Ben-Hinnom », mais on l’appellera : « la vallée du Massacre ». (Jérémie 19:6)
La prophétie de Jérémie est devenue réalité lors de la destruction de Jérusalem en l’an 70, durant le siège des Romains car tous les morts y étaient jetés. Donc la Géhenne n’est pas un « enfer », c’est tout simplement l’endroit pour se débarrasser des morts.
Jésus a utilisé le mot Géhenne 11 fois. A chaque fois, Il parlait de la vie selon le royaume des cieux, à Son époque et où Il était. Il ne parlait absolument pas de ce qui arriverait après la mort (que ce soit d’aller au ciel ou en enfer).
Voici toutes les références :
Matthieu 5:29
Matthieu 5:30
Matthieu 18:9
Marc 9:43
Marc 9:45
Marc 9:47
Les références 1 6 sont toutes sur le même concept : Jésus utilise l’image de l’endroit le plus épouvantable autour de Jérusalem pour illustrer combien le péché est destructif (voir aussi 12).
Matthieu 10:28 (LS)
Luc 12:5 (LS)
7 et 8 font partie du même passage dans différents évangiles : « Je vous montrerai qui vous devez craindre. Craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne ; oui, je vous le dis, c’est lui que vous devez craindre. »
Même si l’on suppose que cela fasse référence à Dieu (et il y a des tas d’autres possibilités), on ne dit pas qu’Il « punit » ou « tourmente » et il n’y a aucune mention du mot « éternel ». C’est peut-être un bon passage pour les annihilationistes mais certainement pas pour ceux qui croit aux tourments éternels en « enfer ».
Matthieu 5:22 (LS)
Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d’être puni par les juges ; que celui qui dira à son frère : Raca! mérite d’être puni par le sanhédrin ; et que celui qui lui dira : Insensé ! mérite d’être puni par le feu de la géhenne.
Alors pour ceux qui croient à l’enfer, la différence entre celui qui appelle quelqu’un « Raca (imbécile) » (1) et celui qui utilise le mot « insensé » (2) est que le premier sera condamné à être lapidé et le second sera torturé pour toute éternité sans espoir de sursis. Cela semble une gigantesque différence pour avoir utilisé deux insultes qui sont difficiles à différencier par la plupart des gens.
En fait, Jésus relève le standard de comportement pour y inclure les pensées et les émotions, mettant le point sur l’importance des pensées et des mots. Il cherche à montrer qu’il en faut peu pour nous affecter négativement ou comment un simple cas de colère qui n’est pas résolu peut polluer notre vie. Mais aussi, comment le fait de refuser de pardonner nous pousse dans une salle de tortures que nous avons nous-même bâtie. En terme plus simple, nous taillons nous-mêmes les bâtons avec lesquels nous sommes battus.
Matthieu 23:15 (LS)
Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte ; et, quand il l’est devenu, vous en faites un fils de la géhenne deux fois plus que vous.
Les Pharisiens étaient fixés sur la droiture perçue. Ils suivaient de manière obsessive chacune des directives de la Loi et donnaient leur piété en spectacle. C’étaient d’arrogants bricoleurs de la foi. Jésus leur déclarait que leur « droiture » était lamentable. Ils étaient fiers d’être des « enfants d’Abraham » mais Il les appelait enfants de la déchèterie et les comparait à ceux qui offraient des sacrifices aux idoles.
Matthieu 23:33 (LS)
Serpents, race de vipères ! comment échapperez-vous au châtiment de la géhenne ?
Ils allaient se retrouver en dehors de l’alliance. Certains de ceux qui écoutaient ont dû d’ailleurs avoir leur corps jeté dans la Géhenne, par-dessus les murs de la ville, durant le siège romain en 70.
Jacques 3:6 (LS)
La langue aussi est un feu ; c’est le monde de l’iniquité. La langue est placée parmi nos membres, souillant tout le corps et enflammant le cours de la vie, étant elle-même enflammée par la géhenne. Une seule partie maléfique dans le corps et le corps entier est corrompu. Peur et amour La religion utilise la peur d’un dieu en colère et de l’enfer pour nous garder en ordre. Mais Dieu nous demande simplement de L’aimer, de nous aimer nous-mêmes et de nous aimer les uns les autres : pas de règles religieuses, rien de compliqué. Il n’est pas en colère contre nous, Il est toujours le même : Dieu de pur amour, fidèle et débordant de grâce et de compassion. Il n’a jamais changé. Il nous a montré comment aimer : Il nous aime tellement qu’Il est venu en chair et en os pour mourir pour nous, même lorsque nous nous voyions comme Ses ennemis. Si nous pouvions aimer comme Il le fait, le monde serait tellement différent. Je n’ai pas l’intention… … de vous faire croire ce que je crois. Je vous offre simplement l’opportunité d’abandonner de fausses idées courantes sur ce qui est dans la Bible afin que vous puissiez lire vous-même ce qui est réellement déclaré et que vous ayez une relation avec Dieu pour découvrir par vous-même qui Il est vraiment.
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